Aristote range la réflexion sur l'éthique dans une science générale, architectonique : la politique. Or, « beaucoup de gens sont capables de pratiquer la vertu dans leurs affaires personnelles, mais dans celles qui, au contraire, intéressent les autres, ils en demeurent incapables[23]. Il décrit également des contre-modèles excessifs. Il existe donc une application proportionnelle du principe de réciprocité, et « c’est cette réciprocité-là qui fait subsister la cité : car les hommes cherchent soit à répondre au mal par le mal, faute de quoi ils se considèrent en état d’esclavage, soit à répondre au bien par le bien, − sans quoi aucun échange n’a lieu, alors que c’est pourtant l’échange qui fait la cohésion des citoyens »[30]. Catalogue des œuvres d'Aristote selon Diogène Laërce, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Éthique_à_Nicomaque&oldid=179009627, Article avec une section vide ou incomplète, Portail:Philosophie antique/Articles liés, Portail:Sciences humaines et sociales/Articles liés, licence Creative Commons attribution, partage dans les mêmes conditions, comment citer les auteurs et mentionner la licence, Beau et bien : en Grec ancien, l'expression « beau et bien » (. L’Éthique à Nicomaque est séparée en dix livres, mais on peut souligner que sa forme provient surtout d’un arrangement fait par les copistes médiévaux. Mais il doit y avoir une fin suprême car sinon on se perdrait dans l’infini et nos tendances se videraient de leur contenu et deviendraient sans effet. Aussi précise-t-il que le plaisir peut avoir un sens moral et que ce n'est que l'abus de plaisir qui a conduit nombre de philosophes à le condamner. Le livre VI de l'Éthique est consacré à l'étude de cinq vertus intellectuelles (ou « dianoétiques »), qui sont : l'art (τέχνη, technè en grec ancien), la science (ἐπιστήμη, épistémè), la prudence (φρόνησις, phronesis), la sagesse (σοφία, sophia) et l'intellect (νοῦς, noûs)[34]. L’Éthique à Nicomaque porte sur les affaires humaines en général, et a une visée purement pratique. Examinons tour à tour chacune des trois questions en ce qui concerne la théorie de l'éthique exposée dans l'Ethique à Nicomaque. av. Aristote commence par définir la Justice de manière intuitive : « Nous observons que tout le monde entend signifier par justice cette sorte de disposition qui rend les hommes aptes à accomplir les actions justes, et qui les fait agir justement et vouloir les choses justes ; de la même manière, l’injustice est cette disposition qui fait les hommes agir injustement et vouloir les choses injustes[22]. ». nécessaire], d’Héliodore d'Émèse, d'Eustrate de Nicée et de Michel d'Éphèse[Note 3],[40]. L’Éthique à Nicomaque (grec ancien : Ἠθικὰ Νικομάχεια, Ethiká Nikomácheia) est un ouvrage d'Aristote qui traite de l'éthique, de la politique et de l'économie. Agir par ignorance, c'est ne pas agir en connaissance de cause. Hannah Arendt, dans les deux premiers chapitres de Condition de l'homme moderne, commente la « praxis » aristotélicienne. La réflexion éthique appartient à la science politique, qui a pour objet la vertu (ἀρετή, arété en grec ancien). Résumé . Dans leur collaboration et confrontation se dessinent en effet toutes les problématiques et débats qui hanteront la philosophie jusqu'à aujourd'hui. » C'est une très belle manière de dire que ces deux penseurs se complètement et que la compréhension de l'un peut très bien passer par la réfutation de l'autre. L'homme magnifique met son argent au service de la cité, fournit offrandes pour la religion et armes pour la guerre. Résumé . Pour unifier la notion de bien sans recourir à l'Idée séparée, Aristote cherche ce qui est commun aux biens sans interdire leur diversité dans la pratique : « tout bien se définit par rapport à un « acte » (en grec, ἔργον / ergon) : le bien de la médecine par rapport à la guérison des patients... ». Et celle-là, c'est précisément la science politique » . 6 ... Résumé : l’équivalence n’a pas lieu entre les choses, elle a lieu entre les prix et cela, seulement dans le cas d’échange de marchandises. ... Lire la suite du résumé C'est ensuite à l'homme magnanime qu'il s'en prend. Si l'intempérant a un comportement moralement "neutre" qui se situe entre le vice et la vertu (il fait surtout preuve de faiblesse), l'homme débauché est condamnable car il ne cherche pas à maîtriser ses désirs. L’Ethique à Nicomaque d’Aristote est le livre le plus influent de la philosophie morale, qui est une suite de La Politique tant la morale est politique chez Aristote. Or le rôle d'un ami - cet autre soi-même - consiste à apporter ce qu'on est incapable de se procurer par soi-même [37]. Que ce soit donc l'intellect ou quelque autre faculté qui soit regardé comme possédant par nature le commandement et la direction et comme ayant la connaissance des réalités belles et divines, qu'au surplus cet élément soit lui-même divin ou seulement la partie la plus divine de nous-mêmes, c'est l'acte de cette partie selon la vertu qui lui est propre qui sera le bonheur parfait. Aristote explique comment l'homme libéral parvient à être riche et vertueux : il lui suffit en fait d'être généreux (une générosité qui doit être discrète, mesurée, et non ostentatoire) et de ne pas se couper de la société par cupidité, de ne pas être trop avide dans sa quête du gain. Éthique à Nicomaque - echosdumaquis.com. 33 Full PDFs related to this paper. ». Il n'existe pas de trace du découpage traditionnel en dix livres avant le Ier siècle av. Il existe donc des lois naturelles, dont la validité est de toute éternité, en Grèce ou en Perse, et des lois artificielles, que les hommes ont dessinées pour se gouverner là où leur communauté est installée. Par suite il faut distinguer trois sortes d’actes dommageables : en premier lieu, l’acte dommageable résultant d’un acte involontaire ; celui résultant d’un acte volontaire mais qui n’est pas prémédité, auquel cas il s’agit d’une injustice commise par un homme qui n’est pas nécessairement lui-même ni injuste ni méchant ; et celui résultant d’un acte volontaire et qui est prémédité, auquel cas il s’agit d’une injustice commise par un homme qui est lui-même injuste et méchant. Aristote tient ici à nous mener vers le bonheur individuel et collectif, avec un lien perpétuel entre ce qui relève de la morale et ce qui relève de la vie de la cité propre à sa philosophie. Cette nouvelle traduction du livre VI de L’Éthique à Nicomaque nous fait découvrir un Aristote qui, loin d’être un rationaliste logicien, est une sorte de phénoménologue avant la lettre, un homme soucieux de faire apparaître les diverses modalités de ce qui est. Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Aristote y développe une théorie de l'amitié (philia), dont l'acuité et la richesse sont restées sans égal dans la littérature philosophique. Mais ceux qui veulent du bien à leurs amis dans l'intérêt de ces derniers touchent au sommet de l'amitié. av. Aristote, Éthique à Nicomaque Résumé des livres VIII et IX . La dernière modification de cette page a été faite le 20 janvier 2021 à 08:56. Si, en effet, la Justice est la vertu souveraine par laquelle l’homme accomplit sa finalité éthique, il est entendu que l’homme n’est envisagé que comme faisant partie d’une communauté politique. Ce livre ne se résume, ni ne se commente facilement car de Kant à John Rawls , tous les philosophes ont discuté avec Aristote sur la question de la vie bonne et celle du bonheur. DANS L'ÉTHIQUE À NICOMAQUE ET VÉTHIQUE À EUDÈME Evelyne PROULX RÉSUMÉ. Ainsi, la définition aristotélicienne et plus généralement grecque de l'éthique ignore « la dichotomie moderne qui sépare radicalement la sphère du « privé » [...] de la sphère « publique » »[10]. Il refuse en effet l'extrême inverse de la réduction des biens particuliers à un Bien en soi, qui est l'homonymie entre les biens (par exemple « les honneurs, la pensée, le plaisir » : ils n'auraient rien de commun entre eux, sauf le nom). Notre travail n'aspire qu'à offrir au lecteur les moyens du jugement. Pour ce qui est de l'ignorance, il y a deux formes d'actes non consentis qui s'y rapportent. Il s'appuie sur sa propre théorie des catégories, qui divisent l'être en général en dix genres suprêmes irréductibles les uns aux autres, créant ainsi une multiplicité qui ne se laisse pas ramener à une Idée ou Forme unique : « Ainsi évidemment le bien n'est pas une sorte d'universel commun à toutes [les catégories] ; il n'est pas un, car s'il l'était, on ne le retrouverait pas dans toutes les catégories, et il serait dans une seule exclusivement »[13]. ^ (FR) Richard Kraut, L'éthique d'Aristote, sur Stanford Encyclopedia of Philosopie, 2001-2010. Même si les objets du plaisir ne sont pas les mêmes selon les êtres, la nature du plaisir reste toujours la même. particulièrement difficile à se procurer. L’Ethique à Nicomaque est probablement dédiée au père ou au fils d’Aristote, qui portaient tous deux ce nom. La thèse d'Aristote est que la Justice est la vertu souveraine, celle par laquelle l'homme accomplit sa finalité éthique. Au moment de définir la vertu, Aristote évoque le rôle primordial de l’habitude qui seule est susceptible d’actualiser et de favoriser la naissance de bonnes dispositions chez les citoyens. (Éthique à Nicomaque, Livre I, chapitre 1)-II- Le Souverain Bien de l’homme. This paper. La justice politique est donc la justice universelle de ceux dont les relations sont réglées par les lois ; elle peut être naturelle ou légale. Aristote considère qu'il est problématique de soutenir que la réciprocité est justice. Puis, Aristote se concentre sur l'importance d'adopter un comportement continuellement vertueux, grâce à l'habitude de la pratique d'actes de ce genre. Aristote et son Éthique est une influence importante pour l'école autrichienne d'économie fondée par Carl Menger. Le mot « éthique » vient du grec ἦθος, êthos, qui signifie « mœurs, coutume » ; l'éthique est alors la science des mœurs. Les livres 8 et 9 de l'Ethique à Nicomaque constituent un traité à part entière. Il existe une hiérarchie des sciences : les sciences particulières sont subordonnées à une science maîtresse (ou architectonique). Le philosophe, selon Gomez-Muller, est directement intéressé par les affaires publiques. Néanmoins, Nicomaque n’est pas le destinataire de ce traité, qui ne lui est pas « dédié » comme on le croit parfois ; la mention de Nicomaque est plutôt le signe de son rôle important dans l'établissement du manuscrit[2]. Aristote, Œuvres. 6 [1131 a 9] Et puisque, â la fois, l’homme injuste est celui qui manque à l’égalité et que l’injuste est inégal, il est clair qu’il existe aussi quelque moyen entre ces deux sortes d’inégal. Aristote, Éthique à Nicomaque Résumé des livres VIII et IX . On peut agir dans l'ignorance, c'est-à-dire agir à un moment où l’on ne se maîtrise pas ; par exemple, quelqu'un qui frapperait quelqu'un d'autre sous l'effet de la drogue agirait dans l'ignorance. La pensée d'Aristote a ensuite été reprise par les chrétiens syriaques qui en ont établi des traductions entre les IVe et VIIe siècles ; en Occident au XIIe siècle, Aristote était connu ; enfin, des philosophes arabo-musulmans, dont Averroès[41] ont ensuite étudié ces traductions. Gobry écrit que « l’Éthique de Nicomaque serait en même temps, et surtout, l’Éthique de Théophraste »[5]. La justice particulière se divise en deux, avec d’une part la justice distributive, « celle qui intervient dans la distribution des honneurs, ou des richesses, ou des autres avantages qui se répartissent entre les membres de la communauté politique » et, d’autre part, la justice corrective, « celle qui réalise la rectitude dans les transactions privées[26]. Gilles Dostaler, spécialiste de cette école, écrit en parlant de Carl Menger que « C'est au Stagirite qu'il emprunte sa conception de la nature causale de tout processus, sa conviction en vertu de laquelle la connaissance doit saisir des essences derrière l'apparence phénoménale, comme celle de l'existence de lois exactes qui s'imposent en dépit de la liberté humaine »[44]. Philosophie – Fiches de lecture Fiche de lecture n° 9 Eléments contextuels Éléments biographiques et doctrine générale Aristote (385-322 av. Commentaire de texte de 7 pages en culture générale & philosophie : Ethique à Nicomaque, d'Aristote. — Une lecture de /'Éthique à Nicomaque et de /'Éthique à Eudème, affranchie momentanément des nombreux commentaires spécialisés, montre à quel Aristote fait un éloge de la douceur, au détriment des excès colériques et passionnels. Aristote, Ethique à Nicomaque, Livre VI. ÉTHIQUE A NICOMAQUE. Livres VIII et IX, Premières leçons sur l'Éthique à Nicomaque, d'Aristote, Frédéric Laupies, Pascal Gauchon, Arnaud Guigue, Presses universitaires de France (réédition numérique FeniXX. L'Éthique à Nicomaque n'est pas seulement l'une des oeuvres les plus célèbres d'Aristote, l'une de celles qui témoignent le mieux aujourd'hui de sa philosophie. Résumé. Le plaisir est compris comme un principe métaphysique à l'origine du vivant : tous les êtres ont quelque chose de divin en eux, qui est l'aspiration à vivre sans entraves. Il est coloré (en bleu), et présente un côté ludique grâce à un schéma également coloré qui donne une impression de mouvement, ou de cheminements convergeant vers un but commun. Ces commentaires ont été édités par G. Heylbut et M. Hayduck à l'Académie de Berlin, entre 1889 et 1901. Aristote y développe une théorie de l'amitié (philia), dont l'acuité et la richesse sont restées sans égal dans la littérature philosophique. », Selon Aristote, la justice-légalité est la Justice totale, ou universelle, dans la mesure où toutes les actions prescrites par la loi visent le bien commun, l’intérêt de tous les membres de la communauté politique, du moins pourvu que la loi ait été correctement établie. Notices gratuites de Aristote Ethique A Nicomaque PDF aristote l'Éthique À nicomaque extraits et notes1 sommaire général premiÈre partie : vie active et vie contemplative Proche des stoïciens, Aristote responsabilise l'homme. 6 [1131 a 9] Et puisque, â la fois, l’homme injuste est celui qui manque à l’égalité et que l’injuste est inégal, il est clair qu’il existe aussi quelque moyen entre ces deux sortes d’inégal. - 7. La justice comme moyen va ici s’incarner dans la figure du juge qui va restaurer l’égalité : « Il est à cet égard comme d’une ligne divisée en deux segments inégaux : au segment le plus long le juge enlève cette partie qui excède la moitié de la ligne entière et l’ajoute au segment le plus court ; et quand le total a été divisé en deux moitiés c’est alors que les plaideurs déclarent qu’ils ont ce qui est proprement leur bien, c’est-à-dire quand ils ont reçu l’égal. Aristote y développe une théorie de l'amitié (philia), dont l'acuité et la richesse sont … 33 Full PDFs related to this paper. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction . Il écrit en effet que « le bien relève de la science souveraine, de la science la plus fondamentale de toutes. Quand on décide, en vue d'un but précis, on délibère intérieurement, on pèse le pour et le contre. Aristote, éthique à Nicomaque LIVRE X : plaisir, vie contemplative Chapitre 7 La vie contemplative ou théorétique. nécessaire]. La justesse de la distribution fait donc en quelque sorte intervenir l'idée de valeur relative, et cette idée que les parties prenantes puissent ne pas mériter le même traitement est au cœur de la distinction entre le juste distributif et le juste correctif. Par conséquent, vivre conformément à des lois bien pensées équivaut à vivre de manière éthique : « Cette forme de justice, alors, n’est pas une partie de la vertu, mais la vertu tout entière, et son contraire, l’injustice, n’est pas non plus une partie du vice, mais le vice tout entier[24]. Par ce titre, on comprend que ce texte est destiné aux débutants, aux jeunes hommes. », « Mais si le bonheur est une activité conforme à la vertu, il est rationnel qu'il soit activité conforme à la plus haute vertu et celle-ci sera la vertu de la partie la plus noble de nous-mêmes. De manière analogue, l’homme éthique est celui qui a pour habitude consciente d’être invariablement et volontairement juste dans son rapport à autrui. Comploteur Mots Fléchés, Éthique à Nicomaque. Cette interrogation le pousse à s'interroger sur le genre de vie et les conduites les plus susceptibles de rendre heureux[Note 1]. Il peut ainsi définir la vertu à partir de la notion de juste milieu. Discussion:Éthique à Nicomaque/À faire — Wikipédia . Cette notion d'« habitude » est centrale dans l'éthique aristotélicienne (contrairement à la notion de mœurs), car elle sert à définir la vertu : « la vertu éthique est en effet un « état » du sujet qui est en quelque sorte la cristallisation de bonnes habitudes, qui s'implantent d'autant mieux chez l'individu qu'il les acquiert tôt dans sa vie »[1]. Réciproquement, l’injuste est ce qui est en dehors de la proportion : « L’injuste peut donc être soit le trop, soit le trop peu, et c’est bien là ce qui se produit effectivement, puisque celui qui commet une injustice a plus que sa part du bien distribué, et celui qui la subit moins que sa part. On l'aura compris : Aristote est partisan du juste milieu et condamne systématiquement les excès. Acheter Masque Anonymous, (1) Dans l'ensemble, le livre est cohérent, sauf sur quelques points secondaires sans importance. Ces amis, en effet, s'aiment pour ce qu'ils sont et non par accident. Les états habituels correspondent à « notre comportement bon ou mauvais relativement aux affections »[18]; les facultés correspondent aux « aptitudes qui font dire de nous que nous sommes capables d'éprouver [ces passions] »[19]; enfin, les passions correspondent à « toutes les inclinations accompagnées de plaisir ou de peine »[18].Or, à la différence des facultés, vice et vertu ne sont pas par nature : ils sont le fruit d’un exercice et d’une activité de l’agent qui en est donc pleinement responsable.