Lorsque l’on pense à la structure complexe d’une grande force armée, à la multitude de détails qui surgissent avec son déploiement dans la réalité, on conçoit que le combat d’une telle force armée suppose lui aussi une structure, une subdivision et une combinaison complexes. Nous ne devons jamais oublier à ce propos qu’il ne s’agit pas de la progression de l’un ou de l’autre des deux adversaires, mais de la progression de l’acte militaire dans sa totalité. Ainsi dans le domaine abstrait du pur concept, la pensée réflexive ne connaît le repos qu’en étant parvenue aux extrêmes. En revanche, si notre intention n’est pas de vaincre les forces armées ennemies, et si nous sommes persuadés que l’ennemi ne cherche pas la voie de la décision sanglante, mais qu’il la redoute, l’occupation d’une province faiblement ou nullement défendue est déjà en soi un avantage. Aucun renseignement n’est sûr, aucune hypothèse n’est solide du fait de ces immixtions constantes du hasard, si bien que le combattant se trouve continuellement devant des réalités qui ne sont pas celles qu’il avait prévues. La guerre est le domaine du hasard. (69) Il n’est pas constitué d’une vertu guerrière unique, comme le courage par exemple, tandis que d’autres qualités de l’esprit ou du cœur seraient absentes ou inadaptées à la guerre ; il est une union harmonieuse des forces, où l’une ou l’autre peut prédominer, mais où aucune ne doit s’opposer aux autres. (62). Dans la résistance pure, l’intention positive fait défaut. Il ne peut cesser d’agir chez l’un des deux adversaires qu’à une seule condition : qu’il veuille attendre un moment plus favorable pour l’action. Ceci est valable pour les efforts que la fin politique suscite dans les deux Etats ainsi que pour l’objectif qu’elle doit assigner à l’action militaire. La première a été désignée au sens figuré par l’expression française coup d’œil [1]; la seconde est la résolution. revient ici de lui-même en considération : de mines reposait sur un système complexe de constructions de galeries souterraines, orientées dans des directions très précises pour détruire un ouvrage au moyen d’explosifs placé à leur extrémité. En tout cas, le concept de la guerre établi ici est le premier rayon de lumière qui éclaire les fondements de la théorie, qui en sépare d’abord les éléments majeurs et nous permet de les distinguer. La dépense de force de l’adversaire consiste donc dans la consommation de ses forces armées, donc dans leur destruction par notre camp ; et dans la perte des provinces, donc dans leur conquête par nos troupes. En revanche, l’audace, la confiance en la fortune, la témérité, la hardiesse ne sont que des manifestations du courage. On voit donc que les guerres où l’un des adversaires est impuissant à désarmer totalement l’autre, les motifs de paix fluctueront selon les probabilités du succès à venir et de la dépense d’énergie qu’il exige. Dans quel autre domaine les étincelles jaillies des relations personnelles surpassent-elles toutes les conditions pratiques comme c’est le cas dans la guerre, où la personnalité des combattants joue un rôle si grand à la fois dans le cabinet ministériel et sur le champ de bataille ? Bien qu’elle soit de la plus haute importance, comme nous le montrerons par la suite, nous devons cependant nous en tenir  encore à un point de vue plus général. La première est l’invasion, c’est-à-dire la conquête de provinces ennemies sans intention de les conserver, mais pour y lever des contributions de guerre ou pour les ravager. Tels sont les poids dont le courage et la force d’âme du chef doivent venir à bout dans le combat s’il veut accomplir de grandes choses. Si nous jetons un regard sur la nature subjective de la guerre, c’est-à-dire sur les forces nécessaires pour la mener, elle nous apparaîtra encore davantage comme un jeu. Dans combien de ces cas la décision dont l’issue ne fut pas sanglante fut-elle justifiée, c’est-à-dire dénuée de contradiction interne ? La guerre n’est donc pas seulement un vrai caméléon, changeant de nature dans chaque cas concret. Et quiconque se propose de poursuivre l’un de ces autres objectifs ne peut le faire raisonnablement que s’il présume que son adversaire cherche tout aussi peu que lui les grands affrontements. Car la volonté humaine ne puise jamais sa force dans les arguments logiques. Download it once and read it on your Kindle device, PC, phones or tablets. Si ce n’est pas le cas, l’avantage de l’attaque ne peut alors contrebalancer celui de la défense, et il n’aura donc pas d’effet sur la progression de l’acte militaire. Car, dans une entreprise aussi dangereuse que la guerre, les erreurs engendrées par la bonté sont précisément les pires. Mais il doit toujours avoir conscience qu’il emprunte là une voie hasardeuse, sur laquelle le dieu de la guerre risque de le surprendre ; il doit toujours garder un œil sur l’adversaire, afin de ne pas l’affronter au fleuret moucheté quand l’autre l’attaquera avec un sabre tranchant. Mais tous les autres effets de la résistance ennemie sont dirigés sur les combattants qu’il commande et réagissent sur lui par leur intermédiaire. Auteur: T. Derbent. Pour atteindre cette fin avec certitude nous devons désarmer l’ennemi. En plus de ces deux méthodes, il existe encore trois autres voies directes, propres à accroître la dépense de force de l’adversaire. Document établi par Bernard Martial (professeur de lettres en CPGE), (Edition de référence : Rivages poche/ Petite Bibliothèque. La guerre équivaut à un duel amplifié.Dans De la guerre, Clausewitz la définit comme un acte de violence engagé pour, comme dans un duel, rendre l’adversaire incapable de toute résistance et ainsi le soumettre.Si la violence militaire bénéficie des inventions scientifiques, elle se fixe aussi des restrictions, sans toutefois s’affaiblir. Si l’on songe cependant que l’on est toujours beaucoup plus enclin et contraint à surestimer les forces de son adversaire et à sous-estimer les siennes- car c’est un trait de la nature humaine- on conviendra alors que l’examen imparfait de la situation doit, en général, énormément contribuer à entraver l’action militaire et à modérer son principe. Nous laissons pour le moment volontairement de côté la différence que la nature positive ou négative de la fin politique produit nécessairement dans l’action. Les deux choses entrent généralement ainsi en interaction, puisque la perte des provinces agit en retour sur la faiblesse des forces armées. La concentration et la tension de ses forces pour la première décision seront donc inférieures à ce qu’elles auraient été sinon. On conçoit aisément combien ces moyens peuvent grandement accroître la probabilité du succès et (53) mener vers la paix par un chemin bien plus court que la défaite des forces armées ennemies. C’est à présent le moment d’examiner le pôle négatif de la destruction de la force armée ennemie, c’est-à-dire la préservation de la nôtre. L’art de la guerre en général, et le commandant dans chaque cas particulier, peut exiger que les orientations et les desseins de la politique n’entrent pas en contradiction avec ces moyens, ce qui n’est certes pas une mince exigence. Celle-ci peut (32) être plus ou moins longue selon que l’acteur fait plus ou moins de diligence. Nous n’allons pas ici nous en préoccuper. Tous les actes militaires qui pourraient suivre feraient substantiellement partie du premier et ne constitueraient en fait que sa prolongation. Nous avons ici assigné à la résolution la fonction de lever les souffrances du doute et les dangers de l’hésitation, lorsque les motifs ne sont pas assez puissants pour pousser à l’action. Use features like bookmarks, note taking and highlighting while reading Théorie de la grande guerre (French Edition). Conçu, écrit et constamment remanié entre 1816 et 1830, demeuré inachevé mais publié à titre posthume en 1832, "De la guerre" doit sa célébrité et son influence au fait qu'il est le premier traité de stratégie militaire à envisager la guerre comme constante anthropologique et à en élaborer une philosophie. Comme cela coïncide avec le degré supérieur de civilisation, ces peuples produisent donc toujours les plus brillantes manifestations de l’art militaire, (70) comme les Romains et les Français l’ont prouvé. Les préparatifs de l’adversaire seraient donc, pour autant que nous les connaissions, la seule indication que le monde réel nous fournirait pour proportionner nos efforts. Si la guerre n’en procède pas, elle y ramène pourtant plus ou moins. Or, si l’autre camp en est à l’avance persuadé, il est naturel qu’il concentre tout son effort sur la réalisation de cette probabilité, sans même chercher à emprunter le détour d’une défaite complète de l’ennemi. Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Carl von Clausewitz. Imposer notre volonté à l’ennemi en constitue la fin. Carl Philipp Gottlieb von Clausewitz, né le 1er juin 1780 à Burg, près de Magdebourg, et mort le 16 novembre 1831 à Breslau (de nos jours Wrocław, Pologne), est un officier général et théoricien militaire prussien. Durant la guerre de Sept Ans, Frédéric le Grand n’aurait jamais été en mesure de défaire la monarchie autrichienne ; et eût-il cherché à le faire, à la manière d’un Charles XII, qu’il serait allé immanquablement à sa perte. Cependant il n’en est rien, car de cette unicité du moyen part un fil que notre réflexion suivra à travers toute la trame de l’activité militaire, fil qui la tisse et en assure la cohésion. Car même si l’un est en pleine possession du territoire, le combat peut reprendre de l’intérieur ou par l’intervention des alliés de l’autre. Une seule et même fin politique peut produire chez des peuples différents, ou chez le même peuple à différentes époques, des effets complètement différents. Puisque l’utilisation de la violence physique dans toute son ampleur n’exclut en aucune manière la coopération de l’intelligence, celui qui se sert de cette violence avec brutalité, sans épargner le sang, l’emportera forcément sur l’adversaire qui n’agit pas de même. Théorie de la grande guerre (French Edition) - Kindle edition by von Clausewitz, Carl. Toute modification de cette position, engendrée par la poursuite de l’activité militaire, doit donc conduire à une position encore plus défavorable, tout au moins dans l’idée. Conçu, écrit et constamment remanié entre 1816 et 1830, demeuré inachevé mais publié à titre posthume en 1832, " _De la guerre_ " doit sa célébrité et son influence au fait qu'il est le premier traité de stratégie militaire à Mais d’un point de vue supérieur, l’une est tout aussi militaire que l’autre, et chacune n’est appropriée à sa fin que si elle s’accorde aux conditions données. La guerre n’exige donc pas toujours que l’on se batte jusqu’à l’anéantissement de l’un des deux camps. Dans le cas où nous cherchions à le terrasser, la destruction de sa force armée serait la seule action efficace et l’occupation des provinces n’en serait que la conséquence. Le combat dans la guerre n’est pas le combat d’un individu contre un autre, mais un tout organisé et multiple. Si, pour commencer, nous nous en tenons à nouveau au pur concept de la guerre, il nous faut dire alors que la fin politique de celle-ci se situe en fait à l’extérieur de son domaine. Il est vrai qu’en bien des cas celles-ci peuvent être excitées dans une mesure telle qu’il devient difficile de les contenir dans la voie politique. Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Carl von Clausewitz. Aussi insignifiantes que soient les revendications politiques des deux adversaires, aussi faibles les moyens mobilisés, aussi minime l’objectif qu’ils fixent à l’acte militaire, cet acte ne peut-il cesser ne serait-ce qu’un instant ? Mais nous savons que l’action militaire ne possède jamais ou rarement cette continuité. Paris: La Maison du Dictionnaire, 2008. En second lieu, le courage peut provenir de motifs positifs, comme l’ambition, le patriotisme, l’enthousiasme de toutes sortes. Pour soumettre l’adversaire à notre volonté, nous devons le placer dans une position plus défavorable que le sacrifice que nous exigeons de lui. Si nous voulons terrasser l’adversaire, nous devons doser notre effort en fonction de sa force de résistance. ISBN 2856082017 ISBN-13: 978-2856082010. Resurgit alors, inchangée, la volonté de détruire les forces ennemies, volonté seulement retenue par un contrepoids, mais jamais abandonnée. Dans nombre de guerres, l’action occupe de loin la part de temps la plus mince, et l’inaction tout le reste. Cette idée, une fois dépouillée de ce que l’expression lui a donné de trop  figuré et de limité, ne traduit rien d’autre que la rapidité avec laquelle on parvient à une vérité ; vérité que le regard d’un esprit ordinaire ne verra absolument pas, ou alors seulement au terme d’une longue observation et d’une profonde réflexion. Ainsi la destruction de la force armée ennemie apparaît-elle toujours comme le moyen le plus efficace, le moyen suprême devant lequel tous les autres doivent céder. La première est l’improbabilité du succès, la seconde son prix trop élevé. A supposer même que ce point extrême de l’effort soit un absolu- ce qui le rendrait aisé à découvrir- il faut toutefois avouer que l’esprit humain se soumettrait difficilement à cette rêverie logique. Mais cela nous conduit à une question d’une autre nature, qu’il nous faut encore développer et à laquelle nous devons répondre. Mais la différence consiste précisément en ce que la première réussit plus facilement, et assure donc davantage de sécurité. C’est donc dans ce domaine plus qu’en tout autre qu’une intelligence fine et pénétrante est requise, pour discerner la vérité à la seule mesure de son jugement. Toute action est engagée en supposant que le verdict des armes, qui en dépend fondamentalement, sera favorable si l’affrontement doit réellement avoir lieu. Car tout règlement par les armes important- c’est-à-dire toute destruction des forces armées ennemies- se répercute sur l’ensemble des autres ; puisque, comme un liquide, ils se mettent à niveau. C’est ce que nous verrons de façon plus précise lorsque nous traiterons de la théorie de l’offensive et de la défensive, dont nous effleurons ici une fois de plus l’origine. Car le fruit d’une mûre et calme réflexion qui n’a rien d’exceptionnel et nous laisse donc indifférents peut exciter notre plaisir s’il jaillit d’un acte instantané de l’intelligence. Lorsque celles-ci atteignent un degré supérieur et se manifestent par des actes hors du commun, on désigne l’esprit qui les possède du nom de génie. La  fin politique ne peut donc servir de mesure que si nous tenons compte de son influence sur les masses qu’elle doit mettre en branle. La levée et l’entretien ne sont évidemment que les moyens, tandis que l’emploi est la fin. Comme si elle était complètement indépendante, elle la supplanterait et ne suivrait plus que ses propres lois, telle une mine qui éclate et qui ne peut suivre d’autre direction que celle qui lui fut donnée par son installation préalable[2]. A  la flamme de son cœur, à la lumière de son esprit doivent désormais se rallumer chez tous les autres la flamme de la résolution et la lumière de l’espoir. Lorsqu’on (46) embrasse l’ensemble de ses manifestations et qu’on se rapporte aux tendances qui y règnent, elle est aussi une étonnante trinité. (33). La nature même des relations entre les Etats fait qu’elle intervient souvent plus tard, ou qu’elle se renforce pour rétablir l’équilibre perdu. suivi de deux textes inédits Notes sur Clausewitz de Lénine et Conférences sur la petite guerre de Clausewitz. Quand la force des motifs s’accroît d’un côté, il est possible qu’elle décroisse de l’autre, et si leur somme est suffisante, la paix sera conclue ; en faveur naturellement de celui dont les motifs de paix sont les plus faibles. Ce temps dépend donc de raisons internes et appartient à la durée propre de l’action. Quant à ce que peuvent offrir dans la guerre les combinaisons d’une autre sorte, nous en prendrons connaissance par la suite et peu à peu, naturellement. Nous ne pouvons cependant nous arrêter au génie qui a acquis son titre grâce à un talent exceptionnel, au génie proprement dit, car ce concept est immensurable. Nous nous contenterons ici de faire allusion à ces facteurs, car vouloir les classer serait faire preuve de pédantisme. Car une issue défavorable est toujours un (28) désavantage auquel personne ne s’exposera intentionnellement ; et parce que la première décision, même si elle ne demeure pas la seule, aura d’autant plus d’influence sur les suivantes qu’elle aura été grande. Ces relations peuvent être espacées, le versement être rare, il devra pourtant toujours être effectué. Lui ôter tout moyen de se défendre est, par définition, le véritable objectif de l’action militaire. L’action directe de l’activité ennemie sur l’officier ne touche d’abord que sa propre personne, sans affecter son activité de chef. Or la guerre n’est pas l’action d’une force vive sur une masse morte. Nous voyons donc que, dans le fond, l’absolu, la prétendue mathématique, ne trouve aucune base ferme pour les calculs de l’art de la guerre. La guerre résulte de cette situation et des conditions qu’elle impose : celle-ci la détermine, la limite et la modère. Ainsi, tout ce qui a trait aux forces armées appartient à l’activité guerrière, et par conséquent tout ce qui concerne leur levée, leur entretien et leur emploi. (34). Mais l’adversaire fait de même. Lorsque nous parlons de destruction de la puissance armée ennemie, nous devons ici expressément attirer l’attention sur le fait que rien ne nous oblige à restreindre ce concept à la simple force armée physique. Alors, le nombre de relations (et par conséquent de combinaisons) possibles augmente, la multiplicité des dispositions s’accroît et, du fait de la gradation des objectifs qui subordonne chacun à l’autre, le moyen initial s’éloigne davantage de la fin ultime. Si telle est la fin, nous ne pousserons pas la destruction de ses forces armées au-delà de ce que cette fin requiert. Ce serait le cas : En ce qui concerne le premier point, aucun des deux adversaires n’est pour l’autre une personne abstraite. Autant de questions sur lesquelles nous passerons, car il nous importe uniquement de montrer la possibilité d’un tel déroulement de l’acte militaire. Nous comptons envisager les différents éléments de notre sujet, puis ses diverses parties ou membres, et enfin l’ensemble dans sa cohésion interne. En utilisant les lois de la probabilité, chacune des deux parties tâchera de déduire du caractère, des institutions, de la situation et des conditions de l’adversaire l’action de l’autre et fixera la sienne en conséquence. L’essence de la guerre, dit ainsi Clausewitz, est le duel ; la guerre est proprement « un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté » (VK 51). Nous avons dit que le but de l’acte militaire est d’ôter à l’ennemi tout moyen de se défendre. Mais cet ordre n’est nullement nécessaire, et pour cette raison il ne prévaut pas toujours. Mais  lorsqu’une sage économie de ses forces, et le talent avec lequel il sut les employer, eut montré pendant sept (56) ans  aux  puissances liguées contre lui que leur dépense de force excédait largement leurs prévisions initiales, elles conclurent la paix. Il faut par conséquent prendre en considération la nature de ces masses. L’histoire militaire le prouve par des centaines d’exemples. Chacun des deux adversaires peut donc en grande partie estimer l’autre sur ce qu’il est et ce qu’il fait, et non sur ce qu’il devrait théoriquement faire. Carl von Clausewitz De la guerre. Elle est donc un acte politique. Penser la guerre, Clausewitz La leçon de Bonaparte fut perdue parce que Napoléon lui-même,à Sainte-Hélène,forgea sa légende et parce que deux hommes en méconnurent l'esprit,l'unpar une scolastique et l'autrepar une philosophie, Jomini et Clausewitz 1. Cependant, l’activité militaire se divise en deux formes : l’attaque et la défense, qui sont, comme nous le prouverons objectivement plus loin, très différentes et de force inégale. Elles sont les parties intégrantes d’un seul et même dessein, et il nous suffit d’examiner l’effet produit par la prépondérance de l’une ou de l’autre. En second lieu, cette vue nous montre aussi à quel point les guerres peuvent différer selon la nature de leurs motifs et des circonstances dont elles résultent. Attardons-nous quelques instants sur cette faculté, cette majesté de l’esprit, afin de justifier ce titre et de pénétrer plus avant la teneur du concept. Comme nous l’avons vu, la guerre dans le monde (42) réel n’est pas un extrême qui relâche sa tension en une seule décharge. Le second point donne lieu aux observations suivantes. Plus ces deux qualités sont éminentes, plus on peut donner latitude à l’imprévisible. La possibilité d’une cessation introduit une nouvelle modération dans l’acte militaire, car elle le dilue en quelque sorte dans le temps, elle ralentit la marche du danger et elle multiplie les moyens de rétablir un équilibre perdu.